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La biodiversité de la Seine hier et aujourd’hui

La principale difficulté rencontrée lorsqu’on s’occupe de poissons est qu’ils sont peu connus et n’intéressent pas grand monde. Pensez donc, des animaux froids, gluants, muets et peu expressifs, invisibles, vivant dans un milieu inconnu et, en plus, leurs chairs sont pleines d’arêtes. Et pourtant, l’évolution de la biodiversité de la Seine est un exemple intéressant qui nous prouve que l’homme est capable de rendre à des milieux une valeur biologique forte.

La pêche : un peu d'histoire...

Les Néanderthaliens se nourrissaient des poissons de la Seine. Charlemagne organise la pêche et la limite aux porteurs de licence, toutefois chacun peut pêcher avec une ligne.

Les poissons d’eau douce sont largement consommés à une époque où les transports sont limités. Au Moyen Age, Paris est insalubre, les eaux usées et le reste sont jetés dans les caniveaux, seule la pluie lave les rues. Les habitants utilisent l’eau puisée dans la Seine à qui ils confient leurs déchets… A cette époque la consommation d’eau est en moyenne de 15 litres par jour, soit le dixième de celle d’aujourd’hui mais les épidémies sont légion.

Victor NOWAKOWSKI

Le développement des villes et des activités fait que la situation parisienne ne s’améliore guère. C’est le consul Bonaparte qui offre aux Parisiens de l’eau propre en détournant la rivière Ourcq et créant les canaux Saint-Martin et Saint-Denis qui entrent dans Paris.

A cette époque, les poissons sont abondants et variés. Aux espèces sédentaires classiques (gardon, brème, barbeau, tanche) s’ajoutent des migrateurs qui remontent le fleuve. Le saumon est bien présent et va pondre dans les rivières du Morvan (Yonne, Cure,…). Les aloses sont nombreuses durant le printemps, l’anguille abondante partout. L’esturgeon présent à proximité de l’estuaire disparait au début du siècle dernier.

Victor NOWAKOWSKI Victor NOWAKOWSKI Victor NOWAKOWSKI

Les aménagements se multiplient sur le fleuve

Des barrages pour la navigation, la lutte contre les dégâts des inondations canalise la Seine qui coule, dans Paris, entre des murs. Les zones humides riveraines sont éliminées pour cause d’insalubrité ou pour le développement urbain. Dans la seconde moitié du 20ème siècle, la création des barrages-réservoir en Champagne vise à assurer un débit minimum de la Seine à Paris, pour les besoins domestiques et industriels de l’agglomération. Bien sûr, ces réservoirs permettent d’écrêter en partie les crues, quant au tourisme qui s’est développé sur ces lacs, ce n’est qu’une activité annexe.

L’autre problème est d’évacuer les eaux usées dont le volume explose, avec l’accroissement des populations, du confort et des activités. Lorsque le baron Haussmann remodèle Paris, Belgrand crée les égouts, toujours en service aujourd’hui, et les champs d’épandage de Gennevilliers, Pierrefitte, Achères en particulier. Ces eaux usées sont évacuées par gravité dans des collecteurs, s’y ajoutent celles des affluents qui viennent diluer ces eaux sales. Entre Paris et Conflans, peu d’eaux propres naturelles rejoignent le fleuve en rive droite qui est privé de connexion avec des réservoirs de biodiversité.

Flickr

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Avant-Guerre, les pêcheurs font partie du paysage

Sur les berges de la Seine, de l’Oise, de la Marne. Joinville, Nogent et ailleurs, le plus souvent par les trains de banlieue. Le cinéma intégrera le loisir dans les films de l’époque Casque d’Or, La belle équipe et Hôtel du Nord… Cette ruée durera jusqu’au début des années 1970 ; ils sont plus de 450 000 en 1968 ! Les petites espèces : goujon, ablette et gardon sont les prises communes. Aujourd’hui 60 000 pêcheurs pratiquent en Ile-de-France ce qui représente un chiffre d’affaires de 70 millions €. Ils sont plus nombreux à pêcher dans d’autres régions ce qui est bien dommage.

Après-Guerre, la reconstruction ne tient pas compte des milieux

La pollution explose, les poissons meurent. Les techniques d’épuration évoluent, mais le réseau unitaire (eaux usées et pluviales mélangées) fragilise l’épuration. Les mortalités sont fréquentes, la plupart fin mai ou début juin (« les pollutions de Roland Garros » les nommait-on, car elles étaient la conséquence des orages fréquents durant le tournoi de tennis). Mais les techniques évoluent, nos amis du SIAAP, vous en parleront et la dernière pollution date de 1992. Elle fut rude : 500 tonnes de poissons morts. Mais ce fut la dernière.

La population de poissons à l’aval de Paris demeure globalement identique mais le nombre d’espèces présentes chute de façon drastique. Les espèces les plus fragiles disparaissent, les plus rustiques demeurent. La biodiversité en prend un coup sérieux, il reste 4 ou 5 espèces, la brème est très présente et un quintal de prises dans l’après-midi est chose quasi-normale pour un pêcheur…

Pixabay

Les pêcheurs organisés sont en permanence présents au bord de l’eau sont non seulement les sentinelles des rivières mais aussi la voix des poissons.

Depuis, la biodiversité s’étoffe

La plupart des espèces reviennent grâce aux spécimens vivant dans les affluents ou les gravières en relation avec le fleuve. La qualité des eaux s’améliorant, les espèces les plus sensibles (barbeau et hotu) s’installent à nouveau chassant en partie tout au moins les plus résistantes. Goujons et ablettes faciles à capturer font le bonheur des petits et des grands. Le brochet se reproduit dans les bras morts. Le sandre est arrivé dans les années 1970, le silure 25 ans plus tard, modifiant les équilibres entre carnassiers. Environ 35 espèces sont aujourd’hui présentes dans la Seine à l’aval de Paris. Les grands migrateurs (saumon, aloses), autrefois bloqués par les barrages ou anéantis par les pollutions traversent Paris ou s’aventurent dans les affluents grâce à l’aménagement des obstacles. Les pêcheurs recherchent les poissons trophée : carpes de plus de 20 kg et, espoir suprême : le silure de 50 kg, en attendant mieux bien sûr…

Bien sûr, il reste beaucoup à faire pour améliorer la qualité des eaux et aussi les milieux bien dégradés. Mais le travail qui a débuté avec l’aménagement des barrages continue avec la restauration des annexes (bras morts, zones d’expansion des crues qui sont des réservoirs de biodiversité).

Les pêcheurs organisés sont en permanence présents au bord de l’eau sont non seulement les sentinelles des rivières mais aussi la voix des poissons. Dans les sciences participatives, ils ont un rôle important à jouer sur la connaissance des milieux et des populations de poissons.