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La carpe
La carpe
Cyprinus carpio découvert par Linné en 1758
Famille des Cyprinidés
Noms locaux : carpe avec divers adjectifs concernant la couleur, la forme, l'écaillure, etc. ; kerpaille, kerpe, kerpen, karpf (Alsace) ; carpo, escarpo (Midi) ; carpet, carpillon ; pour les jeunes d'un été : feuille, seille ; ceux de 2 étés : carpeau, nourrain, pénard, carpat, carnaucier, grosse feuille, etc.
Noms étrangers : Karpfen (Allemagne) ; carp (Angleterre) ; carpa (Italie) ; etc.
La carpe mord aussi bien à la pomme de terre, qu’à l’asticot, au maïs, au ver, au blé, à la limace ou à l’écrevisse, à la pâte de grand-père faite de farine de maïs, de patate et de miel où à la bouillette résultat des recherches d’alchimistes-pêcheurs, pour peu qu’on l’y habitue par un amorçage régulier. Piquée elle déploie force puis ruse et ensuite les deux à la fois. Gare au maladroit qui restera pantois devant son fil brisé.
Description
La carpe commune a un corps allongé, épais, couvert d’écailles. La bouche, porte 4 barbillons et peut s’allonger en un tube qui lui permet d’aspirer les aliments sur ou dans le sédiment du fond. Le premier rayon de la dorsale longue et celui de l'anale, durs et dentés ressemblent à de véritables scies auxquelles le fil du pêcheur ne résistera pas.
Les sélections successives ont donné naissance à diverses races destinées à la consommation, au corps plus élevé, à écaillure réduite (la carpe miroir n'a que quelques écailles vers la queue et une rangée sous la dorsale, la carpe cuir en est entièrement dépourvue), au squelette réduit et à croissance rapide.
Victor NOWAKOWSKI
Coloration et taille
La carpe est brune sur le dos avec des reflets cuivrés sur les flancs, le ventre est jaune. Le plus fréquemment, une carpe pèse un à deux kg, les plus grosses carpes atteignent 10 kg et certains sujets dépassent un mètre et 25 kg. La plus grosse carpe prise à la ligne pesait 37 kg !
Habitat etMœurs
La carpe préfère les eaux lentes ou stagnantes, se réchauffant fortement l’été et riches en végétaux aquatiques. Les individus de tailles petite et moyenne vivent souvent en bancs, alors que les plus gros sujets demeurent isolés. L’activité de la carpe est à la fois diurne et nocturne.
Nourriture
La carpe avale vers, larves, plantes, etc. qu’elle recherche dans le sédiment, jusqu’à une profondeur d'environ 20 cm. Les plus jeunes consomment de grandes quantités de plancton alors que les gros sujets peuvent devenir carnassiers. La carpe ne s'alimente qu’épisodiquement lorsque la température descend sous 10°C.
Reproduction
Pour se reproduire les carpes doivent attendre que la température atteigne ou dépasse 20°C. Parfois elles pondent très tardivement, quelque fois pas du tout, dans d’autres cas, elles se reproduisent deux fois durant la même année. A l'époque de la ponte le mâle possède des tubercules nuptiaux très nets. La femelle dépose sur les végétaux 100 000 ovules par kilogramme de son poids. Les alevins naissent 4 à 5 jours plus tard. Les hybrides obtenus avec le carassin (carpe de Kollar) ne présentent que bien peu d'intérêt.
Distribution
Originaire d'Asie mineure la carpe fut vraisemblablement introduite en Gaule lors des invasions romaines. Elle est largement répendue en France, à l'exception des zones de montagne.
Gestion des populations
La carpe est un poisson de fond. Sa croissance est particulièrement intéressante lorsque les conditions sont favorables. La plus grosse difficulté se situe au niveau de la reproduction qui, en raison de températures insuffisantes, est parfois très tardive ou nulle. La mode veut qu'après capture, les carpes soient remises à l'eau. En matière de gestion piscicole, de telles pratiques demeurent contestables.
Pisciculture
L'élevage de la carpe a débuté il y a plus de 2 000 ans en Chine. Il a connu un grand développement au Moyen Age, à l'époque où le Clergé imposait des jeûnes longs et sévères. Les diverses hybridations réalisées en Europe centrale ont permis de sélectionner des races (de Galicie, d’Aischgrund, de Lautsitz, etc.) plus intéressantes pour l'éleveur et le consommateur : croissance plus rapide, qualité de chair, faible nombre d'arêtes, écaillure réduite, résistance aux maladies, etc. L'utilisation des étangs frayères puis la fécondation artificielle ont abouti à un contrôle de la reproduction. Aujourd'hui on s'oriente vers la transformation du "produit carpe" : filets, plats préparés, etc.
Pêche
La carpe a toujours représenté un adversaire de choix pour le pêcheur aux lignes. On l'a longtemps tentée avec un matériel robuste, canne forte, fil de bon diamètre, appâts naturels.
L'image du carpiste était proche de celle du retraité calme et persévérant, capable d'attendre longtemps une hypothétique touche, jusqu'à la bagarre, toujours inoubliable. Entre 1960 et 1985 les pêcheurs de carpes, de plus en plus rares, apparaissent comme des gens d'un autre âge. La carpe, pourtant abondante, semblait de plus en plus délaissée.
Et puis vint la pêche à l’anglaise : à l'aide de cannes à anneaux les pêcheurs britanniques parvenaient à maîtriser de gros poissons sur un fil fin. Cette technique a aujourd’hui de nombreux adeptes. La carpe se pêche essentiellement de cette façon, cannes posées sur des supports, avec des détecteurs de touches, un amorçage copieux à base de maïs ou de bouillettes (boules de 16 à 24 mm de diamètre, constituées d'un mélange de farines diverses, d'arômes, d’additifs, chacun a sa recette). La clé de la réussite réside dans un amorçage d'accoutumance.
L'esprit de la pêche a parallèlement beaucoup évolué. Les anciens consommaient leurs prises, cela devient aujourd’hui rare. Après la pesée, la photographie, les poissons sont remis délicatement à l'eau. La pêche de la carpe est parfois autorisée toute la nuit, comme dans d'autres pays d'Europe.